Un projet de reconversion professionnelle vers le cuir ou le métier de Sellier Harnacheur ?
Cette page vous est dédiée. Si vous pensez avoir eu une idée originale, sachez que vous êtes en réalité extrêmement nombreux à vous renseigner. Voici donc quelques réflexions sur le sujet.
Le Métier de Sellier Harnacheur
Ancien métier, les débouchés vers ce secteur d’activité sont peu nombreux. S’il y a bien quelques créations de postes chez les grands selliers français chaque année, les places restent limitées. Pour y accéder, mieux vaut opter pour une formation pointue et une école qui travaille en partenariat avec les « poids-lourds » du secteur, notamment à travers les formations dispensées au Haras du Pin. Il y a des postes pour les meilleurs.
Selon mon professeur en CAP Sellerie, interrogé en 2015, seuls 60 % des élèves formés continuaient dans le milieu après leur formation. Et parmi ceux-là, environ 20 % se mettaient à leur compte. Au global, à peine 50 % perduraient après plusieurs années.
Actuellement, environ 60 % des personnes formées au Haras du Pin en apprentissage et 75 % en formation continue poursuivent dans le secteur après leur formation.
Autre point à prendre en compte, il n’y a pas d’emplois en Sellerie dans toutes les régions. Assurez-vous d’être géographiquement très mobile avant de vous engager dans cette voie.
La voie de l’Artisanat
Si vous souhaitez vous établir comme Artisan, comptez d’abord qu’il faut trois ans en moyenne pour acquérir les bases du travail. Un CAP seul ne suffit pas ; il convient d’approfondir le parcours avec d’autres formations ou de « faire son apprentissage ». Tous ceux que vous interrogerez pour vous lancer après une année de formation en CAP vous diront que c’est de l’utopie.
L’investissement de départ pour créer son entreprise est important, il faut disposer d’un minimum de 40 k€, et idéalement davantage. L’outillage est très coûteux (1500 euros pour les outils manuels de base), tout comme les machines qui sont presque « intouchables » neuves pour les artisans et qu’il faut dénicher d’occasion. Et enfin il en est de même avec la matière première. Débuter dans ce secteur avec un emprunt est exclu sauf si vous avez des revenus autres.
Les temps de production sont très longs et ce d’autant plus que l’on débute. Et c’est sans compter que l’artisan seul passe énormément de temps sur la gestion de son entreprise, approvisionnement, comptabilité, devis, communication, gestion du site Web et des Réseaux sociaux. L’artisan n’a pas un métier mais plein de métiers en soi, avec un grand nombre d’heures non facturables. Cela suppose d’être très efficace, organisé et d’acquérir toutes les compétences de gestion d’entreprise autres que celle du travail du cuir. Des formations sur ces différents thèmes sont accessibles auprès des Chambres de Métiers et de l’Artisanat.
Au final, l’équilibre financier est très fragile. Il est indispensable de bâtir sa copie financière avec l’aide d’un Expert Comptable ou un organisme d’accompagnement spécialisé en création d’entreprise. Beaucoup d’artisans du cuir ne dégagent que quelques centaines d’euros par mois de rémunération, bien loin du SMIC. Il faut donc avoir une situation financière très saine et d’autres sources de revenus pour éviter les mauvaises surprises.
Seuls les artisans qui réussissent à se faire un nom tirent leur épingle du jeu. Mais cela prend souvent des années voire des décennies. Et avant cela, il faut réussir à tenir dans le temps.
La Maroquinerie
S’il y a une piste où les débouchés sont plus nombreux, c’est bien la maroquinerie. Et cela peut être une idée de reconversion. Le « Made In France » a le vent en poupe. Les grandes marques de Luxe continuent à développer leurs sites de fabrication en France. Et s’il y a bien un domaine qui publie des offres d’emploi, c’est celui-là.
Il y a deux possibilités pour y accéder, soit par recrutement direct et formation en interne, soit par le biais d’une formation diplômante (CAP ou BTS Maroquinerie) avant de postuler. Là encore, une école prestigieuse pourra faciliter l’accès à l’emploi. J’avais consulté les programmes de « La Fabrique » ou du « CFA Ecole Boudard » qui ont une grande réputation. Il y en a certainement d’autres.
Reconversion professionnelle, du rêve à la réalité
En conclusion, si ce parcours n’est pas infaisable, il suppose néanmoins une bonne dose de réflexion, de sécurisation, en se faisant encadrer au maximum par des professionnels sur chaque question.
Le contexte actuel provoque une explosion du nombre de projets de reconversion professionnelle. Ne pouvant répondre à toutes vos sollicitations chaque semaine, je ne peux que vous inviter à venir toucher la matière, découvrir les outils et échanger lors d’un stage d’initiation pour réaliser un licol. Ce moment privilégié vous permettra de vous confronter à la réalité. Et je me ferai un plaisir de vous apporter un éclairage sur ma vision du métier.
Bonnes recherches !